Le 13 mai 1938, les Français découvrent dans leurs
kiosques un singulier hebdomadaire : quatre pages, d'apparence sérieuse,
entièrement dédiées au Non-Sens. Avec ses chroniques, annonces et entretiens
complètement loufoques, L'Os à moelle entre rapidement dans la légende
et ses cent-mille premiers exemplaires s'arrachent dans la journée.
Pourquoi ce titre ? « Pourquoi pas ? »
répliquera Pierre Dac, son fondateur.
En 1939, alors que la guerre
devient imminente, le journal se mobilise moralement puis au fil des événements
prend position sur le terrain civique, politique... toujours par l'absurde.
L'édition du 31 mai 1940 sera la dernière qui comptera quatre pages : Pierre
Dac, qui n'a pas manqué d'attaquer Hitler doit fuir Paris alors que les Nazis vont
occuper la capitale. Quelques jours avant leur entrée dans Paris paraît le
dernier numéro, le 7 juin, sur deux pages.
Le « roi des Loufoques »
évoquera, bien plus tard, cette disparition prématurée par cet aveu : « Ce qui
m'est arrivé est parfaitement logique. Il est bien connu que l'os à moelle se
décompose au contact du vert de gris. »
Anne-Marie Lazarini compose,
pour trois voix et un poste de radio, un cabaret d'avant-guerre, drôle, enlevé,
et sans fausse naïveté tant on sait encore que notre horizon peut tristement se
colorer et nos matins devenir bruns.
Je
pense que l'humour c'est de faire des choses très graves, très sérieusement,
sans tellement se prendre au sérieux. Pierre Dac